Un article de Hartmut Rosa « La logique d’escalade de la modernité » dans Libération du 20 novembre 2014

Rhuthmos
Article publié le 5 décembre 2014
Pour citer cet article : Rhuthmos , « Un article de Hartmut Rosa « La logique d’escalade de la modernité » dans Libération du 20 novembre 2014  », Rhuthmos, 5 décembre 2014 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article1400

H. Rosa, « La logique d’escalade de la modernité », Libération, 20 novembre 2014.


TRIBUNE : Les débats au sujet des critères définissant la modernité sont aussi anciens que les sciences sociales. J’aimerais, à ce sujet, proposer la très modeste définition suivante : Une société est moderne lorsqu’elle se trouve dans un mode de stabilisation dynamique, c’est-à-dire lorsqu’elle est en demande systématique de croissance, d’innovation et d’accélération – en d’autres termes : de la mobilisation perpétuelle des univers matériel, social et intellectuel – pour sa reproduction structurelle.


Ce besoin systématique de croître, d’accélérer et d’innover (en augmentant sans cesse le rythme de l’innovation), nécessaire à l’entretien des structures et au maintien du statu quo socio-économique, est le plus aisément observable au sein des économies capitalistes. Sans cette escalade constante, les emplois se raréfient, les sociétés déposent leur bilan, les revenus des impôts baissent, tandis que les dépenses d’aide sociale augmentent, que les États font faillite et que la légitimation du système politique est entamée. Il est évident que le capitalisme est lié, de manière centrale, à cette logique d’augmentation : aucune forme connue de capitalisme n’a pu fonctionner sans elle. Au fond, cela pourrait être tout simplement dû à la logique simple qui fait de l’argent – des biens matériels – le moteur de la mobilisation sociale et matérielle et de l’escalade économique. Cependant, la logique de la stabilisation dynamique exerce aussi son influence dans d’autres segments de la société, par exemple, dans la reproduction scientifique, qui repose sur la production de nouveauté et d’accroissement de la connaissance (deux notions qui en ont remplacé une ancienne, celle de la connaissance comme chose précieuse qui doit être préservée et transmise d’une génération à l’autre), dans la reproduction artistique, qui vit d’innovation et d’accroissement (notions ayant remplacé l’ancien idéal d’imitation), mais aussi dans la logique de la démocratie moderne et de sa législation (le « droit » considéré comme devant être dynamiquement recréé de manière permanente)....


La suite ici...


On verra également la réaction de Gibus de Soultrait à cet article ici.

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