Les premières définitions médiévales du rythme et les poèmes latins rythmiques sur le rythme du temps

Francesco Stella
Article publié le 1er juillet 2013
Pour citer cet article : Francesco Stella , « Les premières définitions médiévales du rythme et les poèmes latins rythmiques sur le rythme du temps  », Rhuthmos, 1er juillet 2013 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article933
« Rythmes et Croyances au Moyen-Âge »

Journée d’études organisée par Marie Formarier et Jean-Claude Schmitt

23 juin 2012 – Paris


Présentation : Cette journée d’études a eu pour objectif de faire dialoguer les diverses disciplines concernées par le rapport entre rythmes et croyances au Moyen-Âge. Elle a accueilli des historiens, des anthropologues, des sociologues, des philologues et des linguistes. Présents dans la langue latine et les langues vernaculaires, dans la rhétorique du sermon, la prière et le chant, dans les attitudes et les gestes, dans les rues et les églises, les rythmes sont partout au Moyen-Âge : comme aujourd’hui, sans doute, mais suivant des modalités probablement différentes, propres à la société médiévale. Qu’ils soient naturels ou acquis au terme d’un apprentissage, les rythmes ponctuent l’espace-temps médiéval ; les étudier, c’est apporter un nouvel éclairage sur les représentations sociales des rapports entre croyances et savoirs, entre savoirs profanes et savoirs religieux, entre science et spiritualité. Plus spécifiquement, en quoi les rythmes font-il partie, au Moyen-Âge, des techniques du « faire-croire » ? Dans ce cadre, quelles sont les modalités de leur transmission, de leur production de leur diffusion et de leur circulation ? En quoi ces modalités sont-elles infléchies par les mutations politiques, sociales, culturelles et linguistiques que connaît le Moyen-Âge ? En quoi sont-elles imprégnées de l’héritage antique ? Les rythmes sont-ils toujours du côté des ceux qui savent « faire croire » ? Il nous faut préciser les contours du concept même de rythme : peut-on envisager une définition commune à toutes les époques historiques, la nôtre comprise ? Ou une définition qui vaille pour tous les champs envisagés ? Quelle place et quelle fonction attribuer à d’autres concepts liés (et pourtant bien distincts), comme la mesure, la régularité, la périodicité, la linéarité, la répétition ? Peut-on simplement appréhender les rythmes médiévaux comme une « manière de fluer » ?



9h30-10h00 : F. Stella (Université de Sienne) : « Les premières définitions médiévales du rythme et les poèmes latins rythmiques sur le rythme du temps »


Résumé : On présente ici un recueil et une analyse des premières définitions du mot rhythmus en latin de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge, qui nous aident à découvrir les aspects de mobilité physique, de « perfomativité » spectaculaire et musicale et de diffusion populaire que ce concept entraînait, que les études avaient jusqu’ici négligés en privilégiant les connotations grammaticales du terme. Ces acquisitions nous ouvrent une meilleure compréhension du phénomène de la poésie rythmique qui éclate dans les premiers siècles du Moyen Âge et qui deviendra le système de versification des langues occidentales modernes. Un des sujets les plus fréquents dans cette littérature est justement l’exposition scolaire des articulations du temps : l’année, les mois, les saisons, les jours de la semaine, les cycles du soleil et de la lune, les positions de la lune, le calcul de la période de Pâques, les épactes, et en général les calendriers astronomiques, religieux et agricoles, qu’on apprenait à l’école par cœur en utilisant des poèmes rythmiques mis en musique. Un exemple de cette production sont les poèmes de Pacifique de Vérone (IXe s.), personnage souvent considéré, à tort, comme légendaire, sur le zodiaque « chrétien » et sur l’horloge nocturne, qui permit d’individuer l’heure pendant la nuit en lisant la position des étoiles.

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