T. Kuroiwa, X. Leroux et Darwin Smith, « De l’oral à l’oral : réflexions sur la transmission écrite des textes dramatiques au Moyen Âge », Médiévales, N° 59, 2010, p. 17-40.
Ce présent travail vise à analyser le processus d’enregistrement du texte dramatique à deux niveaux. Il consiste d’abord en la structuration mentale d’un discours syntaxiquement organisé, le formatage, à l’aide de diverses conventions d’écriture comme la versification. Il procède ensuite d’une notation ou d’une transcription à usage tant théâtral que non-théâtral, la formalisation, dont la logique de travail répond à chaque situation de réalisation matérielle, comme la performance théâtrale, la lecture, la méditation, l’enseignement, etc. Les témoins scripturaires obtenus se laissent difficilement répartir dans les catégories utilisées jusqu’à présent.
La prise en compte de la formalisation et du formatage nous amène à éclairer les irrégularités métriques ou rimiques, insertions et autres procédés d’élaboration comme autant de témoins de la vie performative (ou active) de la matière transmise. L’historiographie du théâtre médiéval s’est longtemps attachée à distinguer les bons des mauvais manuscrits sans tenir compte de la mouvance textuelle inhérente à la transmission des textes. Les critères d’analyse que nous avons tenté d’établir permettent de réévaluer les différents représentants d’une famille en termes, non de qualité, mais de nature et de fonction, afin d’aboutir à une conception globalisante des mécanismes de production mentale et écrite des textes dramatiques.