La continuité et la multiplicité temporelles

Article publié le 7 décembre 2014
Pour citer cet article : , « La continuité et la multiplicité temporelles  », Rhuthmos, 7 décembre 2014 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article1407
Séance du 13 Mars 1937


M. Gaston Bachelard avait proposé à la Société française de
Philosophie les questions suivantes :

« Parmi les thèses développées dans mon livre : La Dialectique de
la Durée
, je voudrais soumettre à la discussion celles qui sont, de
toute évidence, les plus fragiles et qui touchent à la continuité et à la
multiplicité du temps.


CONTINUITÉ. – 1. Il faut d’abord se demander si le temps est
réellement donné dans sa continuité, ou si, au contraire, la continuité
n’est pas inférée. Si la continuité est inférée, il faudra qu’on apporte
des preuves et des mesures de sa réalité psychologique.

2. Est-ce que ces preuves sont homogènes ? Il semble, au contraire,
qu’on puisse définir plusieurs types de continuités temporelles. Dans
ces conditions, les continuités entraînent, pour être solidarisées, tout
un jeu de métaphores qui devraient être analysées en vue d’en
déterminer la juste réalité.

3. D’une manière plus précise, on peut se demander si le lien du
temps relève bien de la causalité efficiente.


MULTIPLICITÉ. – 1. Dès qu’on est débarrassé de l’illusion d’une
continuité réelle et donnée, il semble qu’on puisse parler d’un
pluralisme temporel. De même que la physique relativiste envisage
des temps locaux liés à des systèmes bien définis, on peut définir, au
niveau de chaque fonction psychologique, un temps psychologique
spécial.

2. Ces superpositions temporelles doivent apporter des schèmes
utiles pour développer une psychologie de la coïncidence,
psychologie qui parait ne pas avoir été abordée d’une manière
systématique.

3. Enfin, en relation avec les superpositions temporelles et pour
éclairer cette psychologie de la coïncidence, on peut penser à étudier,
du point de vue temporel, la causalité formelle. »


COMPTE RENDU DE LA SÉANCE


Texte et discussion

M. Gaston Bachelard. – Lorsque M. Brunschvicg m’a fait l’honneur de
m’inviter à prendre la parole devant la Société de Philosophie, j’ai
naturellement été très embarrassé, et mon embarras aujourd’hui ne fait
que s’accentuer. J’ai pensé, en effet, que je ne devais pas apporter ici
une conférence de plus, ajouter un chapitre de plus à des livres que j’ai
pu écrire dans ces dix dernières années ; mais j’ai pensé que je devais
présenter, parmi les idées que j’ai pu défendre, les idées les plus
fragiles, celles qui soulèvent le plus de discussions. Voici alors les
deux thèmes qui me paraissent les plus susceptibles de provoquer des
oppositions :


Est-il vrai qu’il n’y ait qu’un temps unique, un même temps pour
tous, un même temps pour tout ?


Est-il vrai que ce temps unique soit continu ?


Ces deux questions me paraissent d’ailleurs solidaires. Nous
pourrons concentrer notre discussion sur le problème de la continuité
temporelle. [...]

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