Centre de Sociologie des Organisations
avec Julie Blanck et Olivier Borraz
Paris – 24 mars 2014 – de 9h00 à 18h00
Sciences-Po, 56 rue des Saints-Pères, 75007 Paris
Salle GOGUEL (5e étage)
Comment gouverne-t-on les problèmes publics qui s’inscrivent dans un temps long (plusieurs décennies), voire très long (plusieurs siècles, plusieurs millénaires) ? Et d’abord, qu’est-ce qu’un problème de temps long ? Comment acquiert-il cette dimension ? Quels parallèles peut-on établir entre la dette publique, les déchets nucléaires, les investissements militaires ou les enjeux énergétiques ? Leur inscription dans des temporalités longues induit-elle certaines conséquences quant à leur modalité de prise en charge politique ? Et comment s’opère cette inscription ? A l’aide de quels instruments de mesure, dispositifs de projection ou outils d’anticipation ?
Répondre à ces questions nécessite de se pencher sur les dimensions temporelles dans l’action publique. De fait, à quelques exceptions récentes près, ces dimensions n’ont pas fait l’objet d’un investissement important de la part des chercheurs en sciences sociales. Pourtant, il est admis que le cadrage temporel constitue un enjeu central pour les acteurs dans l’action publique, tant comme contrainte que comme ressource. En particulier, il participe de la définition des problèmes publics, de la recherche de solutions et de la conception de dispositifs de gouvernance. Qui plus est, nombre de problèmes publics sont aujourd’hui présentés comme nécessitant des solutions qui obligent les acteurs à se projeter dans un temps long, bien au-delà des cycles électoraux ou économiques. On peut déceler dans cette tendance l’influence d’experts ou de technocrates soucieux de « dépolitiser » certains problèmes. Cependant, on peut aussi émettre l’hypothèse que le cadrage par le temps long constitue une modalité de gouvernance qui permet de politiser autrement certaines questions.
Le workshop portera sur les modalités d’inscription de problèmes publics définis comme de long terme dans le temps politique. Il s’agira de rendre visibles le travail d’ajustement entre logique de long terme et logique de court terme, ainsi que les influences que ces différents cadrages temporels peuvent avoir sur l’action elle-même. Ce workshop sera l’occasion pour les participants de confronter différentes modalités de gouvernement du long terme à partir de leurs objets d’étude respectifs. Le croisement entre différents objets, domaines d’actions et approches disciplinaires devrait permettre un enrichissement mutuel dans la manière d’appréhender les temporalités dans l’action publique.
Julie Blanck est doctorante au CSO et elle prépare une thèse sur « Rendre le temps long gouvernable. Le rôle et la place de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) dans les dispositifs de gouvernance des déchets radioactifs ». Elle interviendra sur : « Crise des temps dans la gestion des déchets radioactifs : les processus de cadrages temporels face à l’irruption et à la politisation du temps long ».
Olivier Borraz est sociologue et directeur du CSO. Il travaille sur les questions relatives au domaine des risques. Il introduira cette journée de travail et animera une discussion.