Collège Sainte-Croix – Fribourg
13 juin 2014
Cette petite rencontre est issue du projet d’Alexandre Roduit d’organiser un cours bloc lors duquel des spécialistes de l’accent musical grec enseigneraient leur matière à des élèves du collège de Sainte-Croix (Fribourg). Cet enseignement sera assumé par Alessandra Lukinovich, Emmanuel Lascoux et Martin Steinrück et suivi d’un échange sur l’accent grec.
Les recherches sur l’accent grec ont été marquées par la publication du livre The Prosody of Greek Speech de Stephens et Divine (1993) : l’accent musical grec classique semble se caractériser par des contours mélodiques (comme en chinois ou en vietnamien) plutôt que par des hauteurs de tons (comme dans le Xhosa ou dans d’autres langues africaines, ce qui était la proposition de Schmitt 1953). De plus, une sorte d’accent d’intensité d’origine populaire semble coexister avec cet accent traditionnel à partir de l’époque hellénistique (Probert 2006, Biraud 2011). Une partie des chercheurs (Luque-Moreno 2006) poursuit cependant la tradition de Lejeune (1945), Bally (1945), Tronsky (1962) et considère que, pour l’essentiel, l’accent grec classique est un accent d’intensité (comme en tchèque ou en allemand) et que l’accent grave correspond donc à un atone. Dans une perspective voisine, la thèse de Kiparsky (2000), à la suite de Vendryes (1904), dit que le circonflexe n’est qu’une réalité graphique, contre les observations de Laum (1968) et More-Blunt (1978) sur les accents des papyrus alexandrins.
Le problème du rapport de l’accent avec la métrique, nié (en grec) par la tradition, se pose à nouveau avec la revalorisation de l’accent grave (Allen 1983, puis Stephens et Devine 1993). Lascoux (2003), Lukinovich (2009) et, en latin, Foucher (2013) ont comparé l’enchaînement des positions métriques avec l’un des deux tons de la mélodie accentuelle. Steinrück (2013) et Hagel (2004) ont lié l’enchaînement des unités métriques plus larges (des côla, des metra) au ton ascendant ou descendant ; Perrot (2013) et Munoz (2010) ont travaillé sur la relation des unités syntaxico-métriques avec la mélodie. On peut aussi chercher quels enchaînements d’accents sont les plus fréquents ou sont rejetés à la césure, en fin de vers etc. Il y a aussi la possibilité de croiser la sémantique et l’enchaînement des accents, ou mieux, de poser la question de l’èthos accentuel : par exemple les « fautes » d’enchaînements typiques de la comédie, les enchaînements quasi-parfaits des pièces musicales (chant choral), ou encore les entassements d’aigus comme lors de l’arrivée du spectre de Darius dans les Perses.
Les sujets de discussion ne manquent donc pas et si vous souhaitez participer, vous pouvez vous adresser à martin.steinrueck@unifr.ch ou roduita@edufr.ch.
14h00 Alessandra Lukinovich enseigne l’accentuation
14h50 Emmanuel Lascoux travaille un texte de l’Iliade avec les élèves.
15h35 Pause café
16h00 Philomen Probert (Oxford) : « Dérivations et formes sous-jacentes dans la théorie ancienne de l’accent grecque »
16h25 Anne-Iris Munoz (Paris) : « Les Suppliantes d’Eschyle : posititon concinne et de décalage dans la mélodie accentuelle »
16h50 Emmanuel Lascoux (Rouen) : « Phraser Homère, héllèènizdein »
17h15 Pause 15 minutes
17h30 François Cam (Besançon) : « Chanter Pindare d’après les accents »
17h55 Alessandra Lukinovich (Genève) : sujet à préciser
18h20 take five
18h25 Nadine Sauterel (Nantes) : sujet à préciser
18h50 Martin Steinrück (Fribourg) : « Circonflexe prosodique ou graphique ? »
19h15 on mange (au Chasseur)