C. Calame, Qu’est-ce que la mythologie grecque ?, Paris, Gallimard, 2015, 736 p.
– Déméter et sa fille Perséphone, Bellérophon et Pégase, Oreste et sa mère Clytemnestre, Iô et les Danaïdes, Hélène aux prises avec Éros, Thésée entre Athéna et Poséidon, Héraclès tel qu’en lui-même, Prométhée face à Zeus, Tirésias et Athéna au bain, Hippolyte pour Artémis : de l’Hadès au sommet de l’Olympe, de Sparte à Troie, d’Argos à Olympie, de la Thrace déserte au delta du Nil, d’Athènes à la voisine Trézène.
Toutes et tous, nous croyons connaître la mythologie grecque, car nous gardons le souvenir de figures héroïques et divines dont les traits, les actes, les lieux seraient fixés pour l’éternité. Or, montre Claude Calame, rien n’est plus variable et plastique qu’un récit héroïque grec, pour nous un mythe. Par des auteurs singuliers, les mythes grecs sont sans cesse reformulés parce qu’actifs dans des conjonctures historiques et culturelles précises, pour des fins spécifiques – morales, cultuelles, politiques.
Le mythe est toujours narration ; c’est un récit porté par une forme d’énonciation dans une forme de discours qui lui donne un sens à la fois poétique et pragmatique, dans des circonstances particulières. On ne saurait donc dissocier dans un mythe le récit des formes et fonctions de la narration : le récit épique (les poèmes homériques) ; la poésie chantée avec ses usages rituels (Pindare, Callimaque), le discours pédagogique (sophistes et rhéteurs, Platon), la dramatisation théâtrale (Eschyle, Sophocle), l’historiographie (Hérodote, Pausanias), sans oublier l’iconographie.
Avec un regard d’historien et d’anthropologue Claude Calame nous invite, à partir des formes choisies par les poètes, peintres, historiens ou philosophes, à comprendre ce qu’est l’art poétique des mythes grecs, leurs effets de sens, leur pragmatique. Non plus la mythologie comme système, non pas le mythe comme mode de pensée, encore moins le mythe en son essence, mais une poétique des récits héroïques grecs.
– Claude Calame est Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Attaché au Centre AnHiMA (Anthropologie et histoire des mondes antiques), il est en charge à l’EHESS d’une anthropologie historique des poétiques grecques. D’abord chargé de cours à l’université d’Urbino puis professeur invité à Yale, il a enseigné la langue et la littérature grecques à l’université de Lausanne.