Neuvième rencontre de musicothérapie active
Paris – samedi 7 et dimanche 8 novembre 2015
LA MUSICOTHÉRAPIE ACTIVE, OUTIL RYTHMIQUE
ET SENSORIEL DE LA MÉMOIRE
La mémoire ? N’est-elle pas devenue une notion bien abstraite, réduite à la simple faculté de se ressouvenir liée au monde des idées ? Elle est pourtant intime des gestes corporels. « Nous ne connaissons le monde que par les gestes que nous lui infligeons en recevant les siens ». Marcel Jousse en fait la condition la plus élémentaire de la connaissance du monde.
Dès l’origine de notre existence, l’expérience gestuelle et rythmique du réel se mémorise, nous constitue, nous logicise. Cette expérience est d’abord corporelle et sonore. La mémoire est intime au rythme des gestes, à la musculature, à la sensorialité globale et au déroulement du temps. Ne vivons-nous pas de ce que nous avons appris à connaître et que nous rejouons sans toujours avoir conscience de répéter les gestes de cet apprentissage ? L’Homme est un être de mémoire. (Jousse).
Qu’en est-il des pertes de mémoire ? Qu’en est-il du refus de la mémoire et de l’opposition à son fonctionnement ? Il est vrai qu’elle ouvre souvent des portes qui donnent accès à des territoires aventureux. Winnicott nous le montre. Qu’en est-il des pathologies liées à la mémoire ; celles où rien ne passe et rien ne se passe. Le temps y est figé ! (maladies de type Alzheimer)
La mémoire n’est pas seulement « la faculté de se souvenir », elle actualise le passé qu’elle fait vivre en permanence dans nos gestes et nos comportements. Elle est pleinement dans le présent et forme notre identité. Son efficacité tient à ce qu’elle est une « poussée en avant » [1] parce qu’elle nous conte « l’arrière ». In utero, conjointement à l’alchimie physiologique des commencements, le bébé est harcelé par les sons. Tout son corps reçoit les vibrations sonores de son entourage. La succession temporelle des sonorités contrastées est mémorisée et construit le premier récit rythmomusical spécifique. Récit qui restera en bonne partie du domaine de l’inconscient.
Après sa naissance, la mémoire de l’enfant s’enrichira des sons qui proviennent de l’environnement, bruits inopinés et rythmes du langage. Progressivement le rejeu de cette mémoire se traduira rythmiquement dans les gestes puis dans les paroles, gestes laryngo-buccaux. L’enveloppe de la parole est le rythmo-mélodisme qui lui permet de véhiculer le sens. Le langage parlé est profondément « sémantico-mélodique ». La moindre énonciation met en jeu la mémoire et le véhicule musical. Toute démarche rythmo-musicale implique la mise en jeu de la mémoire. L’improvisation elle-même s’appuie sur des éléments gestuels déjà mémorisés. On dit que l’écoute musicale fait perdre la mémoire, quel est alors l’intérêt d’en jouer activement ?
Il n’est donc pas étonnant que, depuis la nuit des temps, les démarches thérapeutiques aient favorisé le langage musiqué pour nommer les fonctionnements/dysfonctionnements et leurs origines afin de permettre l’émergence des forces vives. Les procédés traditionnels en sont les témoins. Revisitons les pour revivifier nos pratiques et, pourquoi pas, réinventer un rapport plus participatif au musical dans notre société moderne.
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