Animating public space ? Between urban programming and citizen activation
Dossier thématique pour la revue Ambiances – Revue internationale sur l’environnement sensible, l’architecture et l’espace urbain – dirigé par Pascale Pichon, professeure de sociologie, Université de Lyon, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, Centre Max Weber UMR 5283, et Jean-Paul Thibaud, directeur de recherche CNRS, sociologue, CRESSON, Ambiances, Architectures, Urbanités UMR 1563.
Thématique
La thématique de ce numéro porte sur les modes d’animation de l’espace contemporain, qu’ils soient intentionnels ou non, à l’origine d’habitants, d’élus ou de citoyens, d’artistes ou de professionnels de l’urbain [1]. Les contributeurs sont invités à discuter les différentes significations de ces pratiques d’« animation », selon les points de vue considérés, à rendre compte des processus situés, depuis les intentions des acteurs jusqu’aux conséquences de l’action.
Les contributions attendues se concentreront sur l’espace public, envisagé comme un espace ouvert, concret, avec ses matérialités physiques et architecturales, ses ambiances ordinaires ou remarquables, ses pratiques sociales et ses rituels. Dans cet espace public, démultiplié en autant de lieux singuliers et mouvants, aménagés ou non, investis par le quidam, le simple passant ou l’habitant, les politiques publiques marquent de leur empreinte les choix d’aménagement fonctionnels et également de gestion mémorielle ou festive des programmations culturelles. Ce registre des politiques de l’animation pourra être interrogé à partir d’exemples concrets et donner lieu à un regard critique.
L’expression « animer l’espace public » recouvre un ensemble de processus et de situations où se croisent des acteurs tels que programmateur d’événement, accompagnateur de renouvellement urbain, artiste, animateur socioculturel, médiateur, chargé de mission, scénographe, architecte, paysagiste, etc. Selon un agenda précis, le centre ville, le quartier, la rive du fleuve, la friche urbaine, le parvis de l’église, les rues piétonnes ou encore le parking du centre commercial se transforment en un espace ouvert à un large public. En ces cas, passants et habitants deviennent aussi des spectateurs et on attend d’eux qu’ils participent à la manifestation. Il est d’autres situations où l’animation de l’espace s’insère dans le projet même d’aménagement et se veut pérenne quoique soumise aux rythmes urbains. Ainsi, les murs végétaux donnent vie aux façades selon les saisons, les jets d’eau opposent leur bruissement aux bourdonnements du trafic, les nuages d’eau invitent les passants à jouer, les plates-bandes et les embellissements végétaux dessinent des motifs, l’œuvre d’art devient un repère surprenant. Il est enfin les échanges commerciaux qui organisent dans la plupart des sociétés les sociabilités urbaines tels que le marché ou la foire. L’expression « la rue animée », évoque la rue marchande, la rue de la manifestation politique également, là où la foule se presse. Enfin, les flux, les circulations, les échanges liés aux mobilités animent tous les lieux qui les accueillent : la gare, le métro ou le tramway.
L’animation de l’espace public appartient non seulement à l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture mais également à l’histoire des passions populaires et des débordements festifs carnaval, fête foraine, joute sportive- et des arts de la rue, qu’ils se revendiquent ou non comme tels. Le développement de l’animation socioculturelle et artistique dans nombre d’espaces ouverts (rue, place, parc, friche) et accessibles au grand public est désormais l’une des missions des politiques publiques qui scande l’agenda national et local (fêtes de la musique, du patrimoine, festivals, biennales, événements sportifs, etc.). L’animation artistique (puisant aux sources de tous les arts) accompagne aujourd’hui de nombreux projets urbains de rénovation ou démolition. Le chantier est parfois l’objet même de l’animation. Comment aborder par l’enquête ces manières de faire ? Qu’en retirer en matière de citoyenneté et d’urbanité ?
La vie urbaine se manifeste également de façon spontanée aussi bien que ritualisée : en différents lieux, se livrent les routines du quotidien et les règles de vie en commun mais également nombre de micro-événements ; sous ses différentes faces s’exprime une forme de vie sociale. L’animation a donc partie liée avec des pratiques habitantes plus ou moins informelles, routinières, improvisées. L’espace public sensible advient ainsi comme espace où se recomposent, en situation, impressions sensibles et interactions sociales, actions pratiques et phénomènes ambiants. Cette autre version du politique, ce partage sensible de l’espace public, pourra être abordée par des approches situées. Ce registre des pratiques habitantes et de leurs temporalités habitantes invite à interroger ce qu’il en est de leur impact sur l’esthétique de l’espace public. À la question des métamorphoses des lieux et des ambiances s’adjoint donc une réflexion sur les temporalités en jeu. L’animation de l’espace public relève-t-elle d’une temporalité réduite à l’événementiel, au « moment favorable », à l’occasion ?
L’animation de l’espace public désigne ainsi une pluralité d’acteurs et de compétences et invite au croisement de différents savoirs. Les contributions peuvent provenir de disciplines des sciences humaines et sociales, des sciences du projet et de l’ingénieur, des arts et du design, afin que puissent dialoguer in fine diverses démarches d’enquête et situations et que soient éclairées la fabrique de la vie citadine d’une part, les conséquences de cette « activation » de nos modes de vie, et ses incidences sur la qualité de la vie urbaine, d’autre part. Notre urbanité en serait-elle réactivée, réinventée, ré-enchantée ? Ou, a contrario, plus encadrée, normée ou contrôlée ?
Les réponses à cet appel à contributions sont attendues selon deux axes principaux de questionnement et d’analyse qui peuvent également être articulés :
– L’intervention urbaine (sur et dans la ville) en tant que processus d’animation dans le cadre de projets urbains (rénovation, construction, démolition, aménagement, et toutes actions qui participent au projet comme les visites de site, les actions artistiques), de politiques culturelles ou mémorielles, ou encore dans sa dimension manifeste à partir d’initiatives partenariales ou de toute autre situation documentée.
– Les pratiques vernaculaires et la création habitante au même titre que l’activation artistique, la coopération citoyenne dans différentes situations d’animation formelle ou informelle. L’événement ordinaire et ses pratiques associées marquent en effet la dimension proprement temporelle de la vie urbaine et en interrogent les formes. Les arts du quotidien et les arts de la rue peuvent également permettre d’appréhender les temporalités urbaines : tempo, rythme, cadence…
Informations pratiques
Les auteurs devront envoyer une proposition d’article de 3000 à 5000 signes aux responsables du dossier avant le 20 janvier 2016 aux adresses :
pascale.pichon@univ-st-etienne.fr
jpthibaud1@gmail.com
Les propositions d’articles et les articles eux-mêmes pourront être soumis en français ou en anglais. Documents iconographiques et/ou sonores accompagnant le texte sont les bienvenus.
Les propositions seront examinées par les responsables du dossier et le comité éditorial de la revue. Après accord de principe, les auteurs devront envoyer leur article complet, de 25000 à 50000 signes, avant le 20 mai 2016, délai de rigueur. Conformément au processus habituel de la revue, les articles seront soumis à deux évaluateurs, selon une évaluation en double-aveugle.
Les contributeurs devront rédiger leur article conformément à la note aux auteurs :
http://ambiances.revues.org/163
Calendrier indicatif
- Lancement de l’appel à articles : 20 novembre 2015
- Réception des propositions : 20 janvier 2016 (3000 à 5000 signes)
- Réponses aux auteurs : 20 février 2016
- Réception des articles complets : 20 mai 2016 (25000 à 50000 signes)