Rythme et empreintes du corps dans la création, de la trace à la forme
Université Paris V – 24 novembre 2016 – 9h00
Institut Mutualiste Montsouris – Service de Pédopsychiatrie infanto-juvénile
1er étage, salle de réunion
42 boulevard Jourdan 75014 Paris
Métro : Porte d’Orléans/ RER B Cité Universitaire
L’histoire du Rythme, l’histoire de l’Art et l’histoire de la Psychanalyse, c’est aussi l’histoire de la mémoire du Corps, surface d’inscription incarnée et surface incarnante immatérielle. Le corps comme matière informante. Du Chaos à la Forme, mouvant.
Nous proposons une considération du rythme dans une perspective psychanalytique à l’épreuve de la clinique de la création artistique. La théorie du rythme, arrimée à différents champs, nous a conduite à l’analyse d’une revue restreinte de la littérature théorique élargie permettant d’en confronter les apports afin d’enrichir la réflexion psychanalytique. Ainsi, le rythme trouve un centre à l’endroit d’une quête de l’origine, vers l’originaire. Quête d’une mise en sens de la cosmogonie et du corps pulsionnel. Le rythme se voit conférer une dimension civilisatrice et historisante au sein du socius, au travers de la langue et de l’histoire des corps.
La création est étudiée comme paradigme privilégié du rythme qui se compose via une traversée mouvante et simultanée des trois coffrets du maternels. Nous postulons d’un rythme subjectif, interface corps-psyché. Le rythme informe et forme la matière-sensible corporelle autant qu’immatérielle au travers de la langue. Inscription sensible des corps en présence autant qu’inscription sur la matière support. Ainsi le lieu de l’art, celui de la forme artistique, se fait surface d’inscription externe d’un engramme corporel effractant. La quête d’une forme est quête de lieu pour le non-lieu de la mémoire. Cette thèse repose sur une double méthodologie de recherche : celle de la rencontre clinique et celle de l’analyse pathographique de l’œuvre d’art, éprouvée au travers d’une étude qualitative et casuistique, au recours d’une lecture clinique du sensible de l’immatérialité de la parole et du discours latent.
L’étude de cas met en évidence un vécu d’effraction du fantasme et le recours à l’éprouvé sensoriel informant le langage et l’expression artistique. La confrontation à la sexualité génitale révèle sa potentialité traumatique dans l’après-coup, conduisant à une réactualisation de l’archaïque à l’aune de la relation objectale, source d’une aliénation spatio-temporelle interne. Par le travail du rythme, l’œuvre artistique se fait lieu d’inscription déterritorialisé de l’informe, sans pour autant endiguer la trace primitive, à l’inverse ; mais lui confère une reconfiguration spatio-temporelle. Du point de vue intrapsychique, le rythme est envisagé comme élément non-langagier concourant au système représentationnel. D’un point de vue dynamique, le rythme dispose une forme mouvante au service de la dialectique liaison-déliaison visant un départage du temps et de l’espace interne non-advenu, vecteur de lien et d’historicisation. L’étude du rythme s’ouvre comme perspective sur la clinique de la parole sensible du corps-affecté.
Mots clés : Rythme, corps, clinique-sensible, art, archaïque, originaire, espace-temps, pulsion, forme.