SOCIOLOGIE ET URBANISME : Soutenance d’une thèse de doctorat « Rendez-vous en ville ! Urbanisme temporaire et urbanité événementielle : les nouveaux rythmes collectifs »

Rhuthmos
Article publié le 10 décembre 2010
Pour citer cet article : Rhuthmos , « SOCIOLOGIE ET URBANISME : Soutenance d’une thèse de doctorat « Rendez-vous en ville ! Urbanisme temporaire et urbanité événementielle : les nouveaux rythmes collectifs »  », Rhuthmos, 10 décembre 2010 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article233

Benjamin Pradel a soutenu le 27 novembre 2010 à l’université de Paris-Est sous la direction de Francis GODARD et de Marie-Hélène MASSOT une thèse de doctorat de sociologie intitulée : « Rendez-vous en ville ! Urbanisme temporaire et urbanité événementielle : les nouveaux rythmes collectifs ».


Résumé : Si la métropole est polychronique, l’isolement d’un de ses rythmes permet de nuancer les théories de la modernité liquide et de la ville en continu. À travers l’étude diachronique de trois événements festifs métropolitains à Paris et Bruxelles, nous proposons une lecture de l’histoire des villes par ses temps partagés, une description des mécanismes par lesquels les rythmes sociaux émergent et une analyse du rôle qu’ils jouent dans la production de l’espace et de la société. Réinterrogé par le concept de rendez-vous collectifs, les rythmes sociaux urbains apparaissent comme une co-production entre un urbanisme temporaire et une urbanité événementielle. Ces deux éléments forment le couple explicatif du rôle spatial et social des rythmes événementiels dans la métropole. Les institutions municipales instrumentalisent l’urbanisme temporaire pour signifier des unités du temps social qui permettent d’organiser le rassemblement et de produire matériellement du lieu. L’urbanité événementielle est le résultat collectif des interprétations individuelles des événements comme signe temporel. Elle produit du lien social et construit un sens commun des lieux. La répétition calendaire de la rencontre entre l’urbanisme temporaire et l’urbanité événementielle provient d’une part, de la décision politique de maintenir et d’instrumentaliser le rendez-vous dans l’organisation de la métropole, d’autre part de la synchronisation rythmique des individus qui organisent leurs temps sociaux pour participer au rassemblement. La rationalité axiologique qui anime les participants est motivée par la valorisation des interactions de face-à-face et la production de liens sociaux associatifs, dans une société interrogée par la différenciation et la désynchronisation des modes de vie quotidiens. L’individu ne se passe toujours pas de rassemblements rituels, dans des lieux précis et selon des temporalités saisonnières. En dépit de leurs racines historiques profondes, ces rythmes collectifs sont adaptés à la métropole, à la complexification de ses territoires, à l’hybridation de ses représentations culturelles et à l’individualisation de ses temporalités sociales. Au-delà, le concept de rythme est une théorie de morphologie sociale qui rend compte du fonctionnement des sociétés de façon multiscalaire et dynamique. Cette approche rythmique s’inscrit dans les théories sociologiques intermédiaires qui lient l’individu et le collectif, l’usager et l’habitant des villes et ses institutions, la morphologie spatiale et temporelle de groupements humains de toutes tailles. Le fait métropolitain, influençant et influencé par l’individu et le global, constitue une échelle mésociale heuristique pour l’analyse des sociétés modernes.


Mots-clés : métropolisation du temps – rythme social – rendez-vous collectif – urbanisme temporaire – urbanité événementielle



Let’s meet in the city ! Temporary urbanism and event sociability : new shared rhythms


Abstract : The city is polychronic. We qualify liquid modernity theory and the twenty-four hour city model by isolating one of its rhythms. Based on a diachronic study of three festive urban events in Paris and Brussels, we propose a new reading of urban history through planned gatherings, a description of the mechanisms by which social rhythms emerge and the role they play in building urban space and society. The planned gathering concept is applied to urban social rhythms, which are seen as the product of an interaction between temporary urbanism and event sociability. Institutions instrumentalise temporary urbanism to signify units of social time, and implicitly plan gatherings by producing a conducive physical place. Event sociability is the collective result of individual interpretations of this sign, which produce social ties and create a corresponding social place. These places become periodic through political decisions to reproduce the sign, as well as individuals’ efforts to organize and synchronize their time to participate. The resultant planned gatherings are in turn instrumentalized to organize the metropolis. In a society whose groups are increasingly differentiated and desynchronized, face-to-face interaction and the production of discretionary social ties are highly valued. Individuals apply value rationality and thus continue to participate in ritual, seasonal gatherings at fixed places and times. Despite historical continuities, these rhythms are specifically modern in that they have adapted to the contemporary city’s territorial complexity, cultural hybridization, and idividualized temporality. Using the semantic duality of rhythm (flowing / periodic) we outline a more general theory of social morphology which provides a multiscale, dynamic account of societies, covering interactions between the individual and the collective, inhabitants and institutions, the spatial and temporal patterns in human groups of varying size. The mesosocial metropolitan scale is situated between the indivual and the global.


Keywords : metropolization of time – social rhythms – planned gatherings – temporary urbanism – event sociability

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP