Séminaire Rythmologies
Ce séminaire interdisciplinaire et pluriannuel, coordonné par Luc Gwiazdzinski (ENSA, LRA) et Christian Graff (UGA, LPNC), est organisé par la MSH-Alpes dans le cadre de l’axe éponyme « Rythmologies » et en partenariat avec le Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA - ENSA Toulouse), le Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR - EPFL) et le Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (LPNC - CNRS, UGA, USMB).
Le cycle 2020-21 a bien montré l’importance et la diversité des approches du rythme dans les multiples disciplines sollicitées. Globalement, il est apparu qu’elles mobilisaient de façon plus ou moins formalisée et sophistiquée, une conception du rythme assez attendue, marquée, par l’idée de mesure, de répétition de cycle, désignée par le « metron », du grec ancien μέτρον, mesure. Nous avons pu voir à quel point une telle conception du rythme associée à une perception du temps à la fois linéaire et circulaire, avait pu être une alliée utile aux sciences dures, expérimentales, comme aux sciences sociales. Elle fournissait des conditions de prévisibilité, donc de mise à l’épreuve, voire de maîtrise et de transformation des phénomènes étudiés à partir du rythme, au point de parfois constituer un outil de vie ou de mort. Dans ce cadre, l’improvisation se présenterait a priori comme son contraire, en tous cas comme ce qui résiste, la part d’insaisissable, peut-être d’inconnaissable et de subversif. Par ces temps de crises et de menaces aussi multiples que profondes qui nous poussent à déconstruire nos évidences, on a pu en explorer l’hypothèse… avec son lot de surprises.
L’approche dominante du rythme scandé nous a montré à quel point ce metron avait constitué un bras armé puissant de la modernité. Or, l’année que nous venons de traverser a marqué, plus que toute autre, une crise de la modernité sous le triple sceau de la Covid, du dérèglement climatique, et des remous sociaux en incubation. Cette impression de basculer dans un monde autre, incertain, menaçant et difficilement prévisible, a percolé aussi dans nombre de conférences de l’année 2020-2021. C’est comme si la notion habituelle de rythme n’arrivait plus à structurer le foisonnement du réel, pour réduire l’imprévisible et l’inattendu, mais au contraire allait devoir s’y adapter.
Nous avons validé l’hypothèse du rythme comme flux, sans pour autant abandonner celle du rythme comme mesure. Ce que nous percevions au début du cycle comme antinomique au rythme, en fait partie. Mais alors, confrontés au risque d’une notion fourre-tout le définissant par ce qu’il est, tout en incluant son contraire, il nous semble indispensable de poursuivre l’exploration d’un concept encore largement sous-équipé.
L’objectif de ce second cycle de conférences est donc d’approfondir cet enjeu critique, selon une double perspective, contemporaine et historique.
– D’une part, nous continuerons à explorer des domaines, des situations où pourraient se travailler et s’articuler les deux conceptions du rythme et les modalités de leur efficacité. Nous convoquerons les disciplines du territoire, à des échelles différentes, de celle de l’aménagement à celle du corps, en passant par celle de l’architecture, selon un triple intérêt : d’abord, la complexité territoriale, favorise une double perception du rythme et des figures de leurs articulations (paradoxes, synergies, embrayages…) ; ensuite, à condition d’y être attentif, la dimension expérientielle, « l’éprouver », « l’ici », sont également des lieux possibles de cette interaction ; enfin, la définition du rythme, au moins associé au « metron » peut-elle échapper à sa condition de « forme temporelle » ?
– D’autre part, dans une perspective historique, nous aimerions contribuer à l’exploration des généalogies croisées de ces deux conceptions du rythme, ouvrir à la fois la réflexion sur le temps long et sur les émergences, les mobilisations et les émancipations qui ont marqué l’Histoire. Ce retour sur l’évolution de ces notions est d’autant plus intéressant qu’il nous renvoie aux catégories de pensées par lesquelles nous opérons ce retour, et qui résonnent avec les deux conceptions du rythme (par exemple le couple rupture /continuité dans l’histoire des idées sur l’évolution).
Avec vous, nous proposons de déconstruire ce qui nous apparaît aujourd’hui évident, pour faire émerger des systèmes de pensée et d’action aptes à nourrir le rythme comme flux. Désapprendre pour mieux réapprendre.
Le collectif de recherche interdisciplinaire est ouvert à tous chercheurs et acteurs intéressés. Il se rencontre de façon informelle tous les mardis de 11h00 à 13H00, en visioconférence. Il accueille un·e invité·e pour une conférence mensuelle suivie d’échanges un mardi par mois. Ces rencontres sont publiques.
En Pratique : En visioconférence (sans inscription) et parfois également en présentiel (sur inscription) à la MSH-Alpes, les conférences sont ouvertes à toutes et tous.
• 12 octobre 2021, Rythmes et mobilités, Vincent Kaufmann, sociologue.
• 9 novembre 2021, Explorer les rythmes en histoire, Jean-Claude Schmitt, historien.
• 14 décembre 2021, Rythmes et tourisme, Céline Tritz, géographe.
• 25 janvier 2022, Temporalités et rythmes des processus d’émancipation, Michel Alhadeff-Jones, psychosociologue.
• 15 février 2022, Rythmes et révolutions, Sophie Wahnich, historienne.
• 15 mars 2022, Rythmes transitoires en Afrique subsaharienne, Halimatou Mama Awal, architecte.
• 12 avril 2022, Place du temps dans l’opération d’urbanisme du Mirail, Rémi Papillault, architecte.
• 10 mai 2022, Histoire(s) d’évolution. A la recherche des rythmes de l’évolution, Fabienne Paulin.
• 14 juin 2022, Rythmes urbains, rythmes chorégraphiques, Yann Lheureux, chorégraphe.
• 5 juillet 2022, Conversations sur les rythmes, Patrick Chamoiseau, écrivain.