ETHNOPOÉTIQUE – Projet de recherche : « D’un rythme à l’autre » (2011-2012)

Rhuthmos
Article publié le 13 septembre 2011
Pour citer cet article : Rhuthmos , « ETHNOPOÉTIQUE – Projet de recherche : « D’un rythme à l’autre » (2011-2012)  », Rhuthmos, 13 septembre 2011 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article412
Projet du GREP : « D’un rythme à l’autre »



Le projet intitulé “D’un rythme à l’autre” propose d’étudier, dans les pratiques poético-musicales intéressant l’ethnopoétique, les changements de rythme qui les animent. Ce travail aboutira à la publication d’un numéro de la revue Cahiers de Littérature orale (INALCO).


Que ce soit dans le discours d’un orateur romain, le sermon d’un pasteur de Brooklyn, les épopées peules ou les improvisations des rappeurs de “battles” aux États-Unis, le rythme participe à la fois du principe, des effets et de la définition même de tels objets. De plus, comme ce type de performance associe la parole, la musique ou le chant, le geste voire la danse, la notion de rythme y est complexe, puisqu’elle porte en même temps sur chacune de ces différentes composantes et sur leur ensemble qui forme un tout. Le rythme touche au débit, au volume, au timbre, à la tessiture de la voix, au battement des tambours et aux mouvements du corps, à l’organisation rhétorique du discours autant qu’à tous ces éléments conjugués et d’autres, indigènes, qui ne sont pas prévus par notre terminologie et qu’il nous faudra « traduire ». Une étude du rythme dans ce type d’objet mobilise dès lors divers outils (métriques, prosodiques, mélodiques, cinétiques, proxémiques) dans différentes disciplines qui vont de l’ethnolinguistique à la choréologie en passant par la métrique et la musique. Un aspect de cette étude sera donc objectif et quantitatif. Mais nous ne saurions nous limiter là.


Le relativisme ethnologique nous impose de ne pas objectiver cette notion de rythme mais d’en faire une catégorie floue et temporaire afin de voir dans chaque culture de quoi il s’agit sur place dans la langue et les pratiques poétiques indigènes. C’est pourquoi nous avons donc évité de définir de l’extérieur le rythme, car certaines cultures n’en font pas une notion « bonne à penser », d’autres au contraire le subdivisent en catégories multiples. C’est pourquoi aussi nous ne travaillerons pas sur le rythme en soi, ce qui nous aurait amené soit à des monographies juxtaposées culture par culture soit à l’illusion de notions transculturelle existant en soi, comme la danse, le rythme musical ou la métrique. Nous avons préféré regarder ce qui nous semblait observable dans le passage d’un rythme à un autre, du basculement ou de la variation, c’est-à-dire nous attacher à un processus dynamique, interne à l’événement, ne dissociant pas le corps et la voix, la voix et les instruments, en nous en tenant à une définition empirique, au coup par coup. Nous avons donc substitué à un objet isolé qui aurait été une forme d’essence - le rythme -, un mouvement, un processus signalé comme actif par les informateurs indigènes eux-mêmes. Mais nous savons très bien qu’il y aura des cas limites et passionnants qui feront bouger nos a priori de départ aussi précautionneux auront-ils été.


Nous serons amenés à rassembler un corpus, en décidant de ce que nous appelons des changements de rythme, à partir de critères signalés par l’information indigène : nomenclature vernaculaire, documents écrits, enquête. Qu’est-ce qui change ? De quelle manière ? à quels marqueurs le voit-on ? Et en particulier, à travers quelles interactions des différentes composantes verbales, musicales et gestuelles ? (Basculement d’un événement de parole à un autre, ou du parler au chanter dans le même événement, ouverture et fermeture d’un rituel).


Nous interrogerons les moments, lieux et circonstances où interviennent ces changements de rythme, ainsi que leurs incidences. Pourquoi se produisent-ils et à quels effets sur les statuts de la parole ou du chant. En considérant leur inscription dans la situation d’énonciation qui les produit et qu’ils peuvent produire à leur tour, nous verrons ce qu’implique le fait de changer de rythme pour les co-énonciateurs - l’orateur romain perd ainsi son auctoritas  -, les énoncés, le contexte énonciatif et jusqu’aux actes qu’ils peuvent entraîner, comme, autre exemple, dans les rituels de possession.
Il faudra envisager comment ces changements s’articulent avec une action non seulement individuelle mais sociale ; et pour ce faire, les interroger d’un point de vue pragmatique (et éventuellement cognitif) afin de comprendre à quoi ils renvoient dans telle ou telle culture. C’est ainsi, dernier exemple, que chez les Mayas le changement de rythme peut créer une nouvelle situation émotive ou sociologique.



CALENDRIER DES SÉMINAIRES

1er semestre 2011- 2012

mardi de 15h à 17h

les Grands Moulins

Salle 779C



Mardi 13 septembre :

  • Introduction au Projet 1 : “D’un rythme à l’autre”, en vue d’un futur numéro des Cahiers de Littérature Orale (CLO), dirigé par Sandra Bornand (CNRS/INALCO) et Maria Manca (Paris 7).
  • Tour de table sur les objets qui seront étudiés, les problématiques et approches envisagées, la bibliographie.
  • Établissement du calendrier pour le second semestre.


Mardi 4 octobre :

  • Florence Dupont : « L’auctoritas de l’orateur romain, une affaire de rythme ? »


Mardi 18 octobre :

  • Bernard Lortat-Jacob (CNRS/CREM-Paris X) : « Le passage du ‘col’ ou l’enjeu du changement de rythme dans l’ahwash marocain ».


Mardi 8 novembre :

  • Séance de bibliographie, partage de lectures théoriques.


Mardi 22 novembre :

  • Jean Lambert (CNRS/CREM-Paris X) : « De l’émotion à la farce : inversion de l’humeur, maîtrise du rythme social ? » (Yémen).


Mardi 6 décembre :

  • Suzy Félix (Paris IV) : « Trovadores du sud de l’Espagne ».


(synthèse des séances précédentes, théorisation : reportée au 2e semestre).

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