A. Rabinbach, Le moteur humain. L’énergie, la fatigue et les origines de la modernité

Article publié le 1er septembre 2012
Pour citer cet article : , « A. Rabinbach, Le moteur humain. L’énergie, la fatigue et les origines de la modernité  », Rhuthmos, 1er septembre 2012 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article676

A. Rabinbach, Le moteur humain. L’énergie, la fatigue et les origines de la modernité (1re éd. 1992), Paris, La fabrique, 2004.

 La métaphore de l’homme-machine ou du moteur humain est fondamentale pour comprendre la société du XIXe siècle, « centrée sur le travail ». c’est l’un des effets de la grande découverte du siècle, la loi de la conservation de l’énergie : la société humaine et la nature sont liées dans l’identité de toutes les « forces productives », celles des travailleurs aussi bien que celles des machines ou des éléments naturels. Dans un fourmillement d’érudition, ce livre explore les retombées du moteur humain dans la vie sociale et intellectuelle européenne : le passage de Karl Marx au productivisme du Capital, les extraordinaires tracés et photographies réalisés par Étienne-Jules Marey pour montrer la dynamique du corps au travail, l’influence de la métaphore du moteur humain sur des personnages aussi différents que Charcot, Freud ou Max Weber. Mais, de même que l’entropie aboutit au déclin irréversible de l’énergie, le moteur humain est freiné par la fatigue, la neurasthénie, l’épuisement physique et nerveux. Rabinbach décrit cette « psychasthénie » fin de siècle, dont Marcel Proust est comme le paradigme. De la science du travail à la poésie, de la physique au fordisme, de la médecine à la politique, le foisonnant panorama d’une époque.

 Drawing analogies from the 19th-century discovery of the laws of thermodynamics, European social scientists envisioned the toiling worker’s body as a « human motor », a living machine ; maximizing work-force efficiency and eradicating the « disease » of fatigue seemed within reach. Psychologists and physiologists subjected the body’s rhythms and movements to laboratory study. The psychiatric complaint of neurasthenia, or nervous exhaustion, was epidemic, and German scientists in the early 1900s sought a vaccine to cure fatigue. In a dense, rewarding study, Rabinbach ( The Crisis of Austrian Socialism ) shows how the « science of work, » spreading beyond such areas as industrial management, physical education and accident prevention, pervaded the language of technocrats, Marxists and fascists who viewed the worker as a machine. He pinpoints a source of modern spiritual malaise : the transformation from a strictly work-centered society to one in which work has been abandoned as a source of self-fulfillment.

 Anson Rabinbach est professeur d’histoire européenne moderne et directeur du programme d’études de la culture européenne à Princeton, où il enseigne depuis 1995. Il a été au printemps 1998 Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Sa thèse (1981) a été publiée sous le titre The Crisis of Austrian Socialism : From Red Vienna to civil War. Il a récemment terminé In the Shadow of Catastrophe : German Intellectuals between Apocalypse and Enlightenment. Le Moteur humain (1991) a été salué comme le début d’une « nouvelle histoire culturelle de la science ».

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