Le géographe français Luc Gwiazdzinski explore la nuit depuis de nombreuses années et sur plusieurs continents. Il raconte comment cet espace-temps a été conquis par l’Homme et par la mondialisation.
Luc Gwiazdzinski est né trop tard. Trop tard pour explorer le monde, chaque parcelle de la Terre étant désormais cartographiée. Lorsque le futur directeur de l’Institut de géographie de l’Université de Grenoble choisit son sujet de thèse à la fin des années 1990, il opte pour la nuit. Car l’obscurité représente encore un territoire mal connu des chercheurs et des politiques. « Il s’agissait d’une terra incognita, une terre vierge sur laquelle nous ne possédions pratiquement aucune donnée », explique Luc Gwiazdzinski. Surtout, personne ne s’intéressait au sujet. Le géographe compare son objet de recherche au Far West américain : « La nuit est un espace en friche et peu peuplé. Sa population est majoritairement masculine et plutôt jeune. Sa conquête progressive génère des tensions dans les villes, entre les populations qui dorment, celles qui travaillent et celles qui se divertissent. » [...]