N. Andlauer, La théorie rythmique de Francisco Salinas (De musica libri septem, 1577) et sa réception française jusqu’en 1640. Thèse de doctorat en Musique, musicologie et arts de la scène. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2018, 490 p.
– Résumé : Le traité de rythmique de Francisco Salinas, seconde partie de son De Musica Libri Septem de 1577, est révélateur de tendances communes à l’ensemble du mouvement humaniste européen du XVIe siècle. En restituant une modélisation « à l’antique » du rythme musical, Salinas prétend résoudre les contradictions du système mensural en vigueur, dans l’économie des agencements de durées sonores organisées par une battue proportionnelle, et suit un impératif de simplification qui concerne également les autres sciences du nombre. Cette entreprise de recadrage épistémologique se double d’une valorisation esthétique de la simplicité du « mètre », en vertu de son pouvoir sur les esprits, et au nom d’objectifs extra-musicaux partagés par tous les courants réformateurs. Le traité sert parallèlement des ambitions pédagogiques et missionnaires, et s’inscrit dans des « politiques du mètre » visant à la maîtrise des outils de contrafacture, comme à la création de « cantiques nouveaux ». Les savoirs-faire dont il promeut l’exercice, et qui culminent dans l’art de faire des vers musicaux et de construire des formes strophiques élaborées, révèlent ses parentés avec les recherches des élites culturelles françaises à la même époque, qui formaient un horizon d’attente particulièrement favorable à ces théories. L’impact du texte de Salinas sur les évolutions des conceptions rythmiques entre la Renaissance et l’âge baroque affecte aussi bien les typologies que les notations des nouveaux langages musicaux, ainsi que les diverses expressions d’une « crise de la conscience rythmique » apparaissant dans les sources théoriques françaises de 1581 à 1640.
– Abstract : Francisco Salinas’ treatise on rhythm, the second part of his De Musica Libri Septem of 1577, is indicative of trends common to the entire European humanist movement of the sixteenth century. By restoring an « antique » model of musical rhythm, Salinas claims to solve the contradictions of the current mensural system, in the economy of arrangements of sound durations organized by a proportional beat, and follows a simplification imperative which also concerns the other sciences of the number. This epistemological reframing enterprise doubles as an aesthetic valuation of the simplicity of the « meter », by virtue of its power over the spirits, and in the name of extra-musical objectives shared by all reformist currents. The treatise also serves pedagogical and missionary ambitions, and is part of « meter policies » aimed at mastering tools of contrafacture, as at the creation of « new canticles ». The know-how he promotes, and which culminates in the art of making musical verses and building up elaborate strophic forms, reveals his kinship with the research of French cultural elites at the same time, which formed a particularly favorable horizon for these theories. The impact that Salinas’ text has had on the evolutions of the rhythmic conceptions between the Renaissance and the Baroque age affects both the typologies and notations of new musical languages, as well as the various expressions of a « crisis of rhythmic consciousness » appearing in French theoretical sources from 1581 to 1640.
– Ce texte est disponible sur HAL – Archivesouvertes.fr