Le Rendez-vous

Odilon Cabat
Article publié le 7 février 2024
Pour citer cet article : Odilon Cabat , « Le Rendez-vous  », Rhuthmos, 7 février 2024 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article3035


Le tableau « Le Rendez-vous » (également nommé : « la vieille idée de raccord ») est une recherche sur la poétique des confins. Les confins sont les lieux imaginaires où viennent se rencontrer et se séparer deux mondes, deux types d’espace, deux temps, deux civilisations ou deux périodes de l’activité humaine et qui sont aussi les lieux où ces mondes, espaces et temps se révèlent mutuellement par le contraste de la collision. Le premier des confins, le confins archétype est celui de l’horizon. Repoussé à l’infini, il ne siège nulle part, c’est le lieu où, selon la tradition des anciens mythes le ciel et la terre se réunissent avant que le Démiurge ne sépare les eaux célestes des eaux d’en bas. Et l’infini de cette rencontre est une invitation au voyage, à un voyage sans fin, celui en quête de l’horizon pouvant marcher longtemps.


Il y a donc le thème de la limite, d’abord la limite fondatrice qui sépare le ciel et la terre, séparation sans retour et qui convoque la nostalgie des légendes de jadis. Ensuite celle de la zone indécise où s’arrête et s’effrite le macadam des routes pour faire place à des chemins perdus ; zone indécise, elle-même un confins qui répète le confins archétype de l’horizon. Car on notera que si les chemins retrouvent l’ocre des végétations lointaines sur la terre, le macadam bleu pâle de la chaussée retrouve le bleu du ciel et le gris des nuages. Car ce qui est en bas est comme ce qui est en haut selon la table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, dieu des chemins et des voyages.


Dans le même ordre d’idée, les deux routes qui s’achèvent dans la poudre blanche font se confiner deux périodes, deux moments de l’Histoire propres à susciter la mélancolie de l’inachèvement, le temps des chemins rustiques de jadis et celui des machines goudronneuses de l’ère industrielle. A quoi il faut ajouter les indices en sourdine d’une activité plus secrète, qu’évoquent les couvercles de regard, les bouches d’égout, et qui laissent entendre l’existence d’un monde souterrain, mystérieux où jadis des hommes invisibles ont œuvré.


Enfin ces routes qui ne se rencontrent pas, qui se croisent en s’ignorant, illustrent le thème de la faille, de la fêlure : de la divergence inconsolable des destinées sans retour.


Note : La cabane, la cabane aux outils, appartient aux deux mondes, elle est la signature du peintre, par le rébus du nom de Cabat.

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