Extrait d’une réponse à une lectrice américaine.
Chère S.,
Je te remercie de tes remarques. En reprenant les travaux de Changeux et d’Edelman de l’intérieur, il me semble avoir réussi à mettre au jour un certain nombre de faits qui ne l’avaient pas été jusque-là :
1. En quoi ils se complètent l’un l’autre : Edelman fait le saut dans une épistémologie dynamique que Changeux n’accomplit pas entièrement ; mais, en même temps, celui-ci propose un concept pour penser la forme des dynamiques de la conscience et de la mémoire que celui-là laisse de côté. Cette première conclusion révèle les hésitations des neurosciences tout en montrant la direction épistémologique générale dans laquelle elles sont en train de s’orienter.
2. Ce qui leur manque encore à l’un et à l’autre : un concept plus élaboré de « forme du mouvant » qui permettrait aux neurosciences d’aller plus loin sur le chemin qu’elles commencent à emprunter, qu’avec le simple concept de « complexité » d’Edelman ou même qu’avec celui déjà un peu plus réfléchi de « mélodie » proposé par Changeux.
3. Où trouver des solutions ou au moins des sources d’inspiration pour combler ce manque : du côté de la poétique et des sciences sociales. Cela dit sans penser que les concepts que l’on y trouve soient eux-mêmes entièrement satisfaisants. Il reste de ce côté également beaucoup de travail à faire avant de disposer d’un concept de rythme capable de répondre aux nouveaux défis de l’époque.
Bien amicalement, etc.