Rythme et mesure chez Ludwig Klages (1872-1956) avec un extrait de La Nature du rythme

Olivier Hanse
Article publié le 28 février 2016
Pour citer cet article : Olivier Hanse , « Rythme et mesure chez Ludwig Klages (1872-1956) avec un extrait de La Nature du rythme  », Rhuthmos, 28 février 2016 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article636

 Présentation par Olivier Hanse

Penseur proche de la Révolution conservatrice [1] et éminent représentant de la Lebensphilosophie [2], Klages est un auteur aux multiples facettes dont la pensée radicalement pessimiste et antimoderne a fait l’objet d’une vive réception de la part des milieux alternatifs de la Lebensreform [3], du philosophe Walter Benjamin [4] (1892-1940), du psychiatre Hans Prinzhorn [5] (1886-1933) et plus récemment du fondateur de la Neue Phänomenologie Hermann Schmitz [6] (*1928). Célèbre pour la rédaction en 1913 d’un des plus précoces appels à la protection de l’environnement [7] et pour l’impulsion qu’il a donnée à l’école allemande de graphologie, son œuvre a été largement dévaluée par la rédaction en 1938 d’un texte violemment antisémite, par son attitude ambiguë à l’égard du régime nazi et par la compromission de ses principaux disciples Werner Deubel [8] (1894-1949), Rudolf Bode [9] (1881-1970) et Otto Huth [10] (1906-1998) avec le IIIe Reich.


Sa théorie du rythme, rassemblée dans l’essai La nature du rythme, qui constitue la version retravaillée d’une conférence pour un congrès d’éducation physique, fait date, car elle a exercé une influence considérable sur les pédagogues du « mouvement du rythme » et la danse moderne allemande. Klages reconnaît dans la confusion entre les concepts de « rythme » et de « mesure » le symptôme d’un fâcheux amalgame entre la vie et l’esprit, résultant lui-même du triomphe d’une pensée mécaniste et « logocentrique » ayant pour effets de rendre l’homme insensible aux miracles de la vie et de laisser libre cours au pillage de la nature au nom d’intérêts matériels. D’après lui, comme l’indique son étymologie, le terme allemand de Takt (en latin, tangere = frapper) désigne une succession régulière d’impressions sonores ou lumineuses, le plus souvent produite par une machine, et ne renvoie donc à rien de vivant.


Klages rejette catégoriquement les conclusions de la psychologie de laboratoire de l’école de Wilhelm Wundt [11] (1832-1920) mais reconnaît à ses représentants le mérite d’avoir, par leur introduction de la notion de « rythmisation subjective [12] », attiré l’attention du monde scientifique sur la « vraie nature » de la mesure : celle-ci appartient au domaine de l’esprit (der Geist), phénomène parasitaire qui s’est introduit dans la cellule vitale [13] et dont l’activité principale consiste à poser des limites et à constituer des groupes les plus distincts et les plus réguliers possibles à l’intérieur de la fuite continue des phénomènes.


Pour l’auteur de l’Eros cosmogonique [14] et de L’esprit antagoniste de l’âme [15] , qui se considère avant tout comme un continuateur de la pensée d’Héraclite et un héritier de l’école romantique, la plus grave erreur de la pensée occidentale a été de croire avec Platon que l’acte de pensée revenait à donner forme au « magma diffus » des impressions, alors que les phénomènes vivants sont par eux-mêmes porteurs d’une forme cohérente, que l’esprit ne fait en réalité que dissoudre et compartimenter pour pouvoir l’asservir à sa « volonté de puissance ». Conçue comme une tentative désespérée de « ré-enchantement » de la nature et de remise à l’honneur des valeurs (jugées féminines [16]) de la passivité, de la contemplation et de l’enracinement, la pensée « biocentrique » de Klages vise à éveiller chez l’homme moderne un respect religieux pour les phénomènes du vivant et à retisser par ce biais les liens distendus « entre âme et âme, entre âme et paysage, entre âme de l’individu et âme du peuple [17] ».


Thématique communautaire, contestation des valeurs de liberté et d’égalité comme conséquences du déracinement généralisé et de l’atomisation des individus, tendances néo-païennes et fétichisme du sang lié à la terre natale ont contribué à marginaliser ce néovitalisme qui, malgré sa condamnation publique en 1938 par Alfred Rosenberg (1893-1946), portera durablement après 1945 les stigmates du totalitarisme. Malgré cette ombre jetée à travers ce courant sur la thématique du rythme, la contribution de Klages à l’histoire de ce concept et en particulier l’opposition entre un rythme vital qui « fait revenir des choses similaires » et une mesure mécanique qui « reproduit des choses identiques », méritent aujourd’hui encore notre examen critique.

 Répétition et renouvellement

Ce texte est un extrait de : L. Klages, La nature du rythme. Pour comprendre la philosophie vitaliste allemande, trad. et prés. par O. Hanse, Paris, L’Harmattan, coll. Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, dirigée par T. Féral, 2004. ISBN : 2-7475-6720-6 / EAN Ebook format .pdf : 9782296365773 [Texte original en allemand : Vom Wesen des Rhythmus, Bonn, Bouvier, 2000, 4e édition].


Lien vers la page du livre :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=17844


Nous remercions l’éditeur L’Harmattan d’avoir accepté la reproduction partielle de cette traduction. © Éditions L’Harmattan, 2004



Aucune horloge ne fonctionne avec une précision arithmétique ; mais, de façon générale, sa marge d’erreur est loin d’atteindre un degré tel que l’on puisse la remarquer ; elle est donc absente du domaine des phénomènes. En revanche, chaque vague naturelle diffère de la précédente de façon notable. Tandis que la mesure reproduit toujours la même chose, nous dirons donc du rythme qu’avec lui, on voit revenir quelque chose de similaire ; et comme le retour de quelque chose de similaire, par rapport à ce qui est passé, constitue son renouvellement, nous pouvons dire : la mesure reproduit, le rythme renouvelle.


Parmi les aspects du rythme, le renouvellement est plus apte que la continuité à nous faire saisir le fait que le rythme relève du domaine de la vie, tandis que la mesure relève de celui de l’esprit. Lorsque quelque chose se répète, chaque élément prend, pour celui qui suit, la signification d’un modèle que l’élément suivant respecte. Or, s’il y a respect, il y a nécessairement quelque part une intelligence à l’œuvre, qui soit produit la copie à partir de l’original, soit produit la copie et l’original d’une seule traite. Seul un être doué d’esprit est capable de faire en sorte que, dans une mesure, un coup soit la copie du coup précédent, qu’une échelle soit la copie de l’étalon pris pour base, que chaque produit industriel reproduise un modèle donné. Dans la nature, en dehors du domaine de l’esprit, il n’existe en revanche ni copie ni répétition. Aucune vague n’imite la forme de la précédente, aucun jeune arbre n’imite sa mère, aucun jeune animal n’est la copie d’un de ses parents, aucune feuille d’arbre celle d’une autre feuille, aucun poil de la fourrure d’un animal celle d’un autre // (fin de la page 63) // poil. La nature engendre perpétuellement du neuf, même si les individus d’une même espèce continuent à se ressembler.


Après avoir expliqué que l’expérience de la similitude (autrement dit de la ressemblance) était la base nous permettant de recevoir des intuitions sur le monde, nous en sommes maintenant venus à voir dans les similitudes réelles caractérisant les expériences qui se succèdent, le fondement même de la vie, et reconnaissons en même temps la différence fondamentale qui oppose ce phénomène à celui de la répétition à l’identique.


L’identique est un produit de la pensée qui, s’il n’existe jamais avec exactitude, peut être matériellement reproduit avec une quasi-exactitude par la main de l’homme ; la similitude est un phénomène indépendant de l’activité de notre esprit, que notre pensée ne peut que relever, sans jamais pouvoir être en mesure de se l’approprier en la mesurant ou en l’expliquant. (…) // (fin de la page 64) // (…) Ce n’est jamais avec une parfaite régularité mais à des intervalles de temps assez similaires qu’alternent le jour et la nuit, la marée montante et la marée descendante, les phases de la lune, les saisons, les images du monde végétal ; et de la même façon se succèdent l’état de veille et le sommeil, le dynamisme et la fatigue, la faim et la satiété, la soif et l’absence de soif, et même, chez l’homme préhistorique, le désir d’accouplement et le désintérêt sexuel. Il n’y a pas que la mer qui se meuve en vagues dans une alternance périodique de montées et de chutes ; mais il en est de même, sous l’effet du vent, de la forêt, du champ de blé, du sable ; et on a eu raison de voir un rythme dans les cannelures que forme ce dernier et qui ressemblent à des vagues, ainsi que dans les formations ondulées que sont les dunes et les barkhanes. (…) // (fin de la page 65) // (…)


Nous pouvons espérer décrire approximativement les rythmes du corps ; mais en aucun cas il ne nous est permis de vouloir les calculer comme nous le faisons pour les processus isolés que nous appelons plus couramment mécaniques. La maturité sexuelle ainsi que la ménopause ne peuvent être prédites à une année près, de même la seconde dentition ne se laisse pas situer au mois près, pas plus que la naissance au jour près, ni l’apparition des règles ; l’apparition de la fatigue et de la faim ne se font pas à une heure près. (…) Au sein des périodes qui incontestablement se dessinent, l’ensemble des données varie à l’évidence de façon tout bonnement imprévisible, et quand bien même on serait capable d’en mesurer toutes les facettes, il n’y a pas une pulsation ni une respiration qui soit parfaitement identique à la précédente. La durée moyenne de la grossesse n’est pas divisible sans reste par un nombre précis de mois synodiques ou de mois sidéraux, et la période de sept ans, à qui on a de toute éternité accordé une signification particulière, peut connaître des variations plus ou moins grandes, d’une part selon les individus et, d’autre part, à l’intérieur même d’une vie. Au sein de la vie organique, tout se renouvelle, mais rien ne se // (fin de la page 66) // répète ; les répétitions peuvent être calculées, des renouvellements on ne peut en revanche donner que des approximations. Et ainsi, on comprendra sans difficulté pourquoi le battement des ailes des oiseaux migrateurs, le glissement ondulatoire des poissons dans l’eau nous donnent l’impression d’entendre une pulsation rythmée ; et on admettra aisément que les animaux seraient incapables de voler, de courir ou de nager en respectant une mesure, pas plus que nous ne serions à même de respirer en mesure, ne serait-ce que pendant une heure. (…) // (fin de la page 67) // (…)


Nous savons maintenant ce qui distingue le jeu mécanique du débutant respectant la mesure avec un empressement exagéré, du jeu de l’artiste accompli. D’une part le fait que le mouvement de la mélodie recouvre toutes les interruptions et emplit les pauses d’une vivante vibration ; d’autre part, le fait que, en restant dans le cadre de certaines limites, au-delà desquelles le rythme serait remis en question, le tempo se permet de perpétuelles variations, pour lesquelles il serait impossible de définir un quelconque principe de succession, sans parler d’en mesurer l’ampleur. Ce sont exactement les mêmes caractéristiques qui justifient la supériorité de la danse sur la marche militaire, le poème récité avec brio de la façon presque comique qu’ont les enfants de scander les vers. Qu’est-ce qui, par ailleurs, fait que les constructions médiévales en pierre nous paraissent incomparablement plus rythmiques que les constructions modernes du même style ? D’une part, la supériorité du sens des proportions, dont le rythme ne peut être que ressenti, de même que les variations rythmiques de la mesure ; ensuite, le fait qu’à l’époque, on évitait de travailler avec des pierres qui soient toutes exactement de la même taille et aient été taillées de façon industrielle, de telle sorte que les surfaces des murs étaient d’une variété tout à fait captivante. Et cela nous mène directement à comprendre pourquoi tout produit « fait main » dépasse sans exception, du point de vue du rythme, le même objet fabriqué à la machine. Aucun tapis industriel ne soutient la comparaison avec un tapis fait main du même motif ; aucune impression, aussi excellente soit-elle, ne dépasse la reproduction manuelle des mêmes lettres ; aucune batteuse, même travaillant avec une mesure équivalente, ne produira le même effet rythmique qu’un fléau tenu par quatre fois deux bras. Et c’est toujours cette variation perceptible d’éléments qui se renouvellent en de perpétuelles transitions, dans les limites d’une certaine // (fin de la page 68) // marge de tolérance, qui distingue le travail de l’homme de celui de la machine, et c’est l’absence de cette variation qui fait que le second est dépourvu de ce pouls ondulatoire qui ne peut être produit que par un mouvement muni d’une mesure, et dans lequel se manifestent des oscillations rythmiques.

 Pour aller plus loin…

Autres œuvres accessibles en langue française


Ludwig Klages, De l’Eros cosmogonique. Traduction et présentation de Ludwig Lehnen, Paris, L’Harmattan, 2008.

  • Graphologie. Traduction d’Ernest Reymond-Nicolet, Paris, Stock, 1975.

  • Le diagnostic du caractère. Traduction d’Ernest Reymond-Nicolet, Paris, PUF, 1949.

  • Expression du caractère dans l’écriture ; technique de la graphologie. Traduction d’Ernest Reymond-Nicolet, Paris / Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1947.

  • Les principes de la caractérologie. Traduction de W. Real et Ernest Reymond-Nicolet, Paris, Alcan, 1930.


Quelques extraits traitant de rythme


Ludwig Klages, „Vom Wesen des Rhythmus“, in Ludwig Pallat et al., Künstlerische Körperschulung, Breslau, Ferdinand Hirt, 1923, p. 94-137.

  • Der Geist als Widersacher der Seele, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 2 [Philosophie II], Bonn, Bouvier, 1981, p. 824-834.

  • Ausdrucksbewegung und Gestaltungskraft. Grundlegung der Wissenschaft vom Ausdruck, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 6 [Ausdruckskunde], Bonn, Bouvier, 1964, p. 261-266.

  • Die Probleme der Graphologie. Entwurf einer Psychodiagnostik, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 7 [Ausdruckskunde], Bonn, Bouvier, 1968, p. 195-199.


Études permettant une rapide introduction à son œuvre philosophique


Karl Albert, Lebensphilosophie. Von den Anfängen bis zu ihrer Kritik bei Lukács, Freiburg im Breisgau, Alber, 1995, p. 131-140.


Peter Davies, Myth, Matriarchy and Modernity. Johann Jakob Bachofen in German Culture, Berlin, Walter de Gruyter, 2010, p. 191-195 et p. 285-309.


Reinhard Falter, Ludwig Klages. Lebensphilosophie als Zivilisationskritik, München, Telesma, 2003.


Michael Großheim, Ludwig Klages und die Phänomenologie, Berlin, Dunker & Humblot, 1994.


Olivier Hanse, « Nature animale et protection de l’animal dans l’œuvre de Ludwig Klages », in Marc Cluet et al., L’Amour des animaux dans le monde germanique 1760-2000, Rennes, PUR, 2006, p. 213-227.


Olivier Hanse, À l’école du rythme… Utopies communautaires allemandes autour de 1900, Saint-Étienne, PUSE, 2011, p. 219-244.


Robert Josef Kozljanic, Lebensphilosophie. Eine Einführung, Stuttgart, Kohlhammer, 2004, p. 149-193.


Thomas Rohkrämer, Eine andere Moderne ? Zivilisationskritik, Natur und Technik in Deutschland 1880-1933, Paderborn, Schöningh, 1999, p. 162-211.


Travaux concentrés sur les questions de l’antisémitisme de Klages et de ses rapports avec le national-socialisme


Jean-Luc Evard, « La croix gammée chez les poètes », in Marc Cluet et al., La fascination de l’Inde en Allemagne 1800-1933, Rennes, PUR, 2004, p. 299-314.


Jean-Luc Evard, Signes et insignes de la catastrophe. De la swastika à la Shoah, Paris, Éditions de l’Éclat, 2005.


Michael Pauen, „Einheit und Ausgrenzung. Antisemitischer Neopaganismus bei Ludwig Klages und Alfred Schuler“, in Renate Heuer et al., Konfrontation und Koexistenz. Zur Geschichte des deutschen Judentums, Frankfurt am Main/New York, Campus, 1996, p. 242-269.


Tobias Schneider, „Ideologische Grabenkämpfe. Der Philosoph Ludwig Klages und der Nationalsozialismus 1933-1938”, Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte 49, 2001, p. 275-294.


Tobias Schneider, „Sektierer oder Kampfgenossen ? Der Klages-Kreis im Spannungsfeld der NS-Kulturpolitik“, in Walter Schmitz et al., Völkische Bewegung - Konservative Revolution - Nationalsozialismus. Aspekte einer politisierten Kultur, Dresden, Thelem, 2005, p. 299-323.

Notes

[1Cf. Louis Dupeux, La Révolution conservatrice allemande sous la République de Weimar, Paris, Kimé, 1992.

[2Cf. Karl Albert, Lebensphilosophie. Von den Anfängen bis zu ihrer Kritik bei Lukács, Freiburg im Breisgau, Alber, 1995.

[3Pour une vue d’ensemble des différentes ramifications de la Lebensreform, lire : Diethart Kerbs, Jürgen Reulecke et al., Handbuch der deutschen Reformbewegungen 1880–1933, Wuppertal, Hammer, 1998.

[4Cf. Reinhard Falter, Ludwig Klages. Lebensphilosophie als Zivilisationskritik, München, Telesma, 2003, p. 97-99.

[5Cf. Werner Mirbach, Psychologie und Psychotherapie im Leben und Werk Hans Prinzhorns (1886-1933), Frankfurt am Main, Europäischer Verlag der Wissenschaften, 2003.

[6Pour une introduction, lire : Hermann Schmitz, Kurze Einführung in die Neue Phänomenologie, Freiburg im Breisgau, Karl Alber, 2009.

[7Cf. Ludwig Klages, Mensch und Erde, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 3 [Philosophie III], Bonn, Bouvier, 1974, p. 614-636.

[8Dramaturge à succès dans les années 1930 et l’un des plus proches amis de Klages, Werner Deubel a cherché à se profiler comme le chef de file d’une Deutsche Kulturrevolution consistant en une rupture avec le « logocentrisme judéo-grec » au profit du biocentrisme « gréco-germain ». Cf. Jean-Luc Evard, Signes et insignes de la catastrophe. De la swastika à la Shoah, Paris, Éditions de l’Éclat, 2005, p. 75-77.

[9Rudolf Bode est le fondateur en 1911 d’une école munichoise de gymnastique rythmique qui se conçoit comme une alternative au système du fondateur de cette discipline Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950). Bode rejoindra le NSDAP dès les années 1920 et sera placé à partir de 1935 par le Reichsbauernführer Richard Walther Darré (1895-1953) à la tête de l’école du Reichsnährstand du Burg Neuhaus près de Wolfsburg. Sur la carrière nazie de Bode, lire : Laure Guilbert, Danser avec le IIIe Reich, Bruxelles, Éditions Complexe, 2000, p. 145-154.

[10Sur la carrière du directeur de la section Märchen- und Sagenforschung de l’Ahnenerbe Otto Huth, lire : Horst Jungiger, Von der philologischen zur völkischen Religionswissenschaft, Stuttgart, Franz Steiner, 1999, p. 248-268.

[11Cf. Serge Nicolas, La Psychologie de Wilhelm Wundt (1832-1920), Paris, L’Harmattan, 2003.

[12Au sujet des expériences autour du phénomène de « rythmisation subjective », lire : Olivier Hanse, À l’école du rythme… Utopies communautaires allemandes autour de 1900, Saint-Étienne, PUSE, 2011p. 121-129.

[13« [L]e corps et l’âme [sont] les pôles inséparables de la cellule vitale, dans laquelle l’esprit s’insère de l’extérieur, tel un coin, en s’efforçant de les séparer l’un de l’autre, c’est-à-dire de désanimer le corps et de désomatiser l’âme et, de cette façon, de tuer toute vie qui lui soit, d’une manière ou d’une autre, accessible. » Ludwig Klages, Der Geist als Widersacher der Seele, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 1 [Philosophie II], Bonn, Bouvier, 1981, p. 7.

[14Ludwig Klages, De l’Eros cosmogonique [Traduction et présentation de Ludwig Lehnen], Paris, L’Harmattan, 2008.

[15Ludwig Klages, Der Geist als Widersacher der Seele, op. cit.

[16À la suite d’Alfred Schuler (1865-1923), Ludwig Klages soutient et s’approprie les théories du matriarcat du Suisse Johann Jacob Bachofen (1815-1887). Sur cette thématique, lire en particulier : Georg Dörr, Muttermythos und Herrschaftsmythos : Zur Dialektik der Aufklärung um die Jahrhundertwende bei den Kosmikern, Stefan George und in der Frankfurter Schule, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2007, p. 213-216.

[17„In dieser Ehrfurcht [vor dem Lebendigen] aber wurzelt der echte Gemeinschaftsgeist, jener Gemeinschaftsgeist, der nicht etwa nur zur Schau getragen wird, sondern als wirkende Macht unablässig zugegen ist im Fühlen, Urteilen, Handeln. Man werfe einen Blick auf die zahllosen Arten der Selbstsucht wie Profitgier, Hochmut, Neid, Standesdünkel, Besserwisserei, und man überzeugt sich sofort, dass ihrer keine verträglich wäre mit wahrer Ehrfurcht vor dem Lebendigen. Aus ihr und durch sie werden die Fäden gesponnen zwischen Seele und Seele, zwischen Seele und Landschaft, zwischen Einzelseele und Seele des Volkes.“ Ludwig Klages, Vom Verhältnis der Erziehung zum Wesen des Menschen, in Sämtliche Werke (Ernst Frauchinger et al. éd.), vol. 3 [Philosophie III], Bonn, Bouvier, 1974, p. 728.

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