Cet article a déjà paru en 2007 sur le site de la revue EspacesTemps.net auquel nous renvoyons pour une lecture complète.
Résumé : Le rythme n’est pas un concept en géographie, au mieux c’est un outil, un mot utilisé sans être toujours défini. Or, en pensant vraiment le rythme et en pensant en rythmes, la géographie a beaucoup à gagner. Nous avons donc construit une définition du rythme en géographie, ainsi qu’une méthode pour l’analyser, appelée, à la suite des travaux d’Henri Lefebvre, la rythmanalyse. L’exemple de la bibliothèque nationale de France François Mitterrand servira à montrer en quoi la rythmanalyse permet d’étudier autrement les lieux.
Henri Meschonnic affirme que « nous n’avons pas affaire à un savoir, avec le rythme. Nous avons essentiellement affaire, à travers le rythme, avec notre ignorance » (Sauvanet, in Sauvanet et Wunenburger, 1996, p. 23). Le rythme est en effet une rencontre qui nous fait violence et nous force à penser.
Avec le rythme, ce qui est en jeu pour la géographie, c’est sa façon de penser les manifestations spatiales et temporelles d’un phénomène, de « tenir à la fois les fils du temps et de l’espace » (Équipe MIT, 2005, p. 4) pour le décrire et l’analyser. Notre ambition est de construire une géographie du rythme, une géographie qui fait du rythme son concept central. Nous postulons qu’en pensant avec le rythme, la géographie a tout à gagner : l’émergence d’une science qui s’ouvre aux autres disciplines et à la complexité du monde ; une meilleure prise en compte de l’individu, du corps et des sens ; une appréhension plus fine des mobilités, des pratiques, de l’habiter, de l’identité et des stratégies spatiales ; l’étude de l’urbanité en production.
Cependant, si les enjeux sont importants pour la géographie, ils le sont également pour l’ensemble des sciences sociales : « Le rythme apparaît à la fois, selon les points de vue, tantôt trop technique et tantôt trop général, philosophique pour les non philosophes et à côté du sérieux universitaire, serré dans ses disciplines […]. La critique du rythme n’est pas la critique seulement des théories du rythme, mais une critique des sciences humaines par le rythme » (Sauvanet, 1996, p. 37). Par conséquent, penser le rythme est une invitation à « une réflexion inédite sur la vie même de la pensée » (Wunenburger, in Sauvanet et Wunenburger, 1996, p. 11).
Penser la géographie en rythmes nécessite dans un premier temps de construire une définition du rythme, pour élaborer ensuite une méthode d’analyse. Nous présenterons dans un dernier moment de ce texte les enjeux du rythme pour la géographie.
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La suite de cet article sur le site de la revue EspacesTemps.net : Maie Gérardot, « Penser en rythmes », EspacesTemps.net, 8.12.2007.